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Le travail social et le gouvernement socialiste. Chronique des luttes 2012 – 2017

Histoire Travail social

05 Jan 2018

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Photo de la banderole "Travail social en état d'urgence"

Le travail social est durement atteint par les conséquences de la crise financière de 2008. Les réponses apportées par François Hollande et ses ministres sont cependant loin de faire l’unanimité parmi les professionnel·les…

Partie 1 :

Jonathan Louli, 2015, « Les travailleurs sociaux face à la réforme de leurs métiers. Retour sur deux ans de lutte », in Terrains de luttes (en ligne)

Partie 2 :

« F. Hollande et le travail social. Chronique des mobilisations de travailleuses et travailleurs sociaux, 2012 – 2017 » (inédit)

Partie 1 :

Les travailleurs sociaux face à la réforme de leurs métiers. Retour sur deux ans de lutte

Résumé :

Délitement de l’État social, expansion et consolidation de l’État pénal. Depuis 30 ans, le recours de plus en plus systématique aux institutions carcérales et l’accroissement des forces et des moyens policiers sont devenus les outils privilégiés de « gestion » des effets que produit le creusement des inégalités socio-économiques. Ce mouvement de redéfinition du rôle de l’État a pour corollaire la diminution des moyens accordés aux politiques socio-éducatives, et notamment les transformations – certains diront la casse – du travail social, tant dans son contenu que dans les conditions de travail. Mais la « réforme » du métier de travailleur social et l’application mécanique de logiques gestionnaires et austéritaires n’impose pas sans résistance. L’annonce faite en 2013 de l’organisation d’Etats généraux du travail social a déclenché une vague de mobilisations inédite, alliant professionnels de différents secteurs et étudiants. Retour sur ces mobilisations, leurs significations et leur possible avenir[1].

Introduction :

Le travail social est organisé autour de trois corps professionnels historiques : les éducateurs spécialisés, les assistants de service social, les animateurs socioculturels. On peut y ajouter nombre de professionnels de l’action sociale familiale, de la petite enfance, du médico-social, de l’insertion socioprofessionnelle, de l’intervention sociale, etc., qui, à force de se développer depuis les années 1960-1970, ne sont plus des métiers périphériques dans le travail social. La diversité et l’hétérogénéité des secteurs constitutifs du champ du travail social, de leurs généalogies séparées, des statuts et des attaches institutionnelles de leurs professionnels, de leurs employeurs, leurs missions, leurs publics-cibles, etc., rendent aléatoire toute définition stable, et, plus encore, tout comptage des professionnels et des étudiants. Pour donner un ordre de grandeur, au milieu des années 2000, des enquêtes institutionnelles dénombrent environ 55 000 étudiants, et environ 800 000 professionnels[2]. Si on exclut le champ de l’animation, qui s’est progressivement autonomisé, ainsi que le champ de l’insertion et des métiers de politique de la ville, plus récents, les secteurs centraux du travail social rassemblent quatorze diplômes différents, correspondant à autant d’approches, de cultures professionnelles, de références théoriques différentes, quand il ne s’agit pas tout simplement de métiers conçus pour des publics et des missions qui n’ont rien de commun.

Cette grande hétérogénéité peut expliquer divers problèmes d’identité professionnelle[3], mais aussi la difficulté à développer un mouvement collectif des travailleurs sociaux qui dépasse les secteurs traditionnels (éducateurs, assistants de services social, cadres). Ainsi, le travail social semble avoir toujours été traversé par un ensemble de contradictions. Tensions entre éducation à l’autonomie individuelle et socialisation à la norme sociale ; entre initiative privée, associative, militante ou religieuse et commande publique uniformisante ; entre augmentation des populations vulnérables et réduction des budgets alloués au travail social, etc.

Un secteur face aux réformes et à l’austérité

Depuis trente ans, les réformes de l’action publique, et plus directement encore les conséquences de la crise financière de 2008, mettent fortement sous pression le travail social : les dispositifs d’action sociale sont rationalisés et indexés à des principes gestionnaires, comme le soulignent les travaux de Michel Chauvière sur la « chalandisation » du travail social, c’est-à-dire l’introduction en son sein de logiques marchandes et la domination croissante des critères administratifs et quantitatifs de rationalisation du travail au détriment de la rencontre humaine entre professionnels et personnes accompagnées[4]. Les budgets sont par ailleurs réduits alors que la part des populations en difficulté augmente constamment ; la commande politique devient purement technique ou comptable ; les postes de travailleurs sociaux sont déqualifiés ou on leur préfère des dispositifs de surveillance, de pénalisation, de « tranquillité publique » ou encore d’insertion marchandisée, qui donne la priorité à la seule employabilité du demandeur d’emploi, à sa conformité avec les attentes du « marché du travail », et qui n’est la plupart du temps évaluée qu’en fonction des « chiffres » réalisés par les conseillers.

En 2013-2014, le gouvernement organise, d’une part, des Etats Généraux du Travail Social (EGTS), qui ont pour objectif de répondre à un certain nombre de demandes de professionnels et de faire le point sur la situation du travail social à travers l’organisation d’une consultation sur cinq thématiques ; il lance, d’autre part, un projet de réforme globale de la formation des travailleurs sociaux. Ces projets ont suscité d’importantes mobilisations de professionnels, étudiants, militants et chercheurs, dont un des points culminants a été la journée du 25 juin 2015, largement ignorée par les médias et, dans une moindre mesure, par les pouvoirs publics. Pourtant, les mobilisations nationales de travailleurs sociaux sont plutôt rares.

Des « manifestes » aux manifestations

Pendant la campagne présidentielle de 2012, des travailleurs sociaux ont commencé à se mobiliser par la publication, en février, d’un Manifeste du travail social destiné aux candidats à la présidentielle. Tout en dénonçant la dégradation subie par le travail social du fait notamment de « l’hégémonie du néo-libéralisme », le Manifeste appelle les candidats à convoquer des EGTS pour « organiser un dialogue constructif ». Un autre Manifeste est publié en 2013 par une intersyndicale de la Fonction publique territoriale, réaffirmant diverses revendications professionnelles et la volonté de lancer des EGTS[5].

Le gouvernement se montre réactif : Marie-Arlette Carlotti, à l’époque Ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion, propose la mise en place des EGTS pour le printemps 2014. C’est une consultation d’une ampleur inédite depuis l’initiative de la ministre de la Solidarité nationale Nicole Questiaux au début des années 1980. Parallèlement, la loi Fioraso de juillet 2013 tente de mieux encadrer la formation des travailleurs sociaux en étendant les obligations de rémunérations des stagiaires.

Pourtant, ce qui semblait être deux avancées s’est rapidement avéré problématique. L’organisation des EGTS prend du retard et le gouvernement y greffe un projet de refonte des diplômes du travail social. Les professionnels qui le dénoncent pointent que ce projet de réforme des formations a été préparé en huis-clos depuis quelques années par la Commission professionnelle consultative du travail social (CPC)[6]. Ils estiment surtout que ce projet vise à uniformiser la formation pour fondre un ensemble de diplômes et de professions très variées dans un large tronc commun, les héritages professionnels et particularités des approches étant relégués au rang de spécialisations. Chercheurs et professionnels craignent une uniformisation des pratiques, la disparition de traditions professionnelles riches, une déqualification de la plupart des catégories de travailleurs sociaux et une la perte de savoir-faire et de savoirs théoriques. « Cette réforme relève d’une logique d’employeurs qui souhaitent disposer de professionnels malléables, voire interchangeables. On nous explique la nécessité de mieux répondre aux droits spécifiques des personnes accompagnées. Et on nous propose un travailleur social unique censé mieux réussir que les métiers plus spécialisés qui interviennent jusqu’à présent »[7]. En outre, concernant la condition étudiante, les fonds manquent pour gratifier les stagiaires travailleurs sociaux. Les étudiants sont ainsi lourdement pénalisés car il leur devient extrêmement difficile de trouver les stages nécessaires à valider leur diplôme.

Courant 2013, des organisations professionnelles alertent sur le problème des stages, puis sont rapidement suivies par des syndicats et collectifs étudiants. De plus en plus d’acteurs font part de leurs inquiétudes sur le déroulement des formations. La loi Khirouni du 10 juillet 2014 tente de régler certaines questions relatives aux stages, mais demeure le problème des attributions budgétaires nécessaires pour que les établissements accueillant des travailleurs sociaux en stage puissent rémunérer ceux-ci. La loi n’empêche donc pas la croissance de la mobilisation étudiante ; à partir de cette période, communiqués syndicaux et créations de pages web et Facebook relatifs aux mobilisations des étudiants se multiplient.

Avant l’été 2014, les travailleurs sociaux sont en mesure de renforcer le rapport de force en leur faveur. Aux assises thématiques, très contestées[8], qui ont lieu dans plusieurs régions en préparation des EGTS, répondent des mobilisations des étudiants d’un côté et des travailleurs sociaux de l’autre avec le lancement du collectif Avenir’Educs[9] et de la pétition Travail social : participons à l’avenir de nos métiers[10], soutenue par plusieurs organisations professionnelles.

La première séquence du mouvement culmine fin 2014 avec, d’une part, la publication de nouveaux Manifestes du travail social[11] faisant assez directement allusion aux EGTS, des journées de rassemblements, de débats publics, et de l’autre un appel à la mobilisation nationale pour le 12 décembre 2014. Sur le mot d’ordre de « On ne gère pas l’autre, on l’accompagne », des associations et organisations professionnelles, syndicats, collectifs étudiants et militants dénoncent les projets de réforme du travail social, la « rationalisation financière basée sur des principes néolibéraux », la précarité des étudiants en travail social, et revendiquent la « solidarité » et « la relation compréhensive de l’autre »[12].

2015 : le travail social en ébullition ?

L’année 2015 démarre sur les chapeaux de roue, après que la CPC a définitivement validé le projet de refonte des formations de travailleurs sociaux. Le 22 janvier 2015 marque alors une étape supplémentaire dans la convergence des luttes puisque les étudiants et les professionnels dénoncent la réforme de la formation et des conditions de stage. À partir de là, la mobilisation ne va cesser de s’amplifier[13].

Moins d’un mois plus tard, les cinq groupes de travail préparatoires des EGTS rendent leurs rapports à Marisol Touraine, Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, et Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France[14]. L’amorce de discussion sur les EGTS est cependant proprement « plombée » et éclipsée par les inquiétudes grandissantes des professionnels sur la refonte des diplômes[15]. La secrétaire d’État doit elle-même reconnaître que les préconisations de la CPC concernant la refonte des diplômes des travailleurs sociaux vont « trop loin »[16].

Dans ce contexte particulièrement tendu, les conflits locaux et les mobilisations relatives aux conditions de travail se multiplient : en décembre 2014 à Limoges, en février le 115 de Seine-Saint-Denis, en avril l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis puis en juin celle de Paris et celle de Haute-Garonne, en mai-juin les hôpitaux de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, et une multitude de mobilisations pendant le mois de mai[17]. De plus, l’assassinat d’un éducateur dans l’exercice de ses fonctions à Nantes en mars 2015 émeut tout le secteur, avant de susciter des débats importants sur les dysfonctionnements institutionnels ayant amené à ce drame (qui est loin d’être le premier)[18], puis des appels à manifester lancés par les syndicats. Les collectifs d’étudiants continuent, eux aussi, à se mobiliser pour obtenir, de la part du gouvernement, les mesures et les fonds nécessaires au bon déroulement de leurs stages et donc de leurs formations[19].

Un moment clé : le 25 juin 2015

Point d’orgue des mobilisations, la journée du 25 juin 2015 a été préparée à l’initiative d’Avenir’Educs et soutenue par une grande quantité d’organisations professionnelles et syndicales[20]. Ce jour-là, en plus d’une discussion sur la réforme des formations au Ministère des Affaires sociales, se tenait une réunion des deux principaux syndicats employeurs, qui, en annonçant leur fusion, remettaient en cause la Convention collective 66, dont dépend une grande partie des établissements socioéducatifs. Les syndicats employeurs cherchent en effet à libéraliser le secteur, en voulant refondre les temps de travail, les classifications des métiers, les avantages catégoriels, le droit syndical, et, globalement, rendre plus « souple » la nouvelle convention collective. Bien qu’elle soit passée assez inaperçue dans la presse, la mobilisation de plusieurs milliers de personnes a conduit Ségolène Neuville à recevoir une délégation intersyndicale. La secrétaire d’État a fait observer que le gouvernement se voulait « rassurant »[21], et que le ministère restait de toute façon assez sceptique sur les préconisations de la CPC concernant la réforme des formations.

Le gouvernement a également annoncé que les prochains rendez-vous auraient lieu en septembre et surtout en octobre 2015, où devraient enfin se tenir les EGTS, et où seraient rendues les conclusions des travaux de la députée socialiste du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon sur les « évolutions possibles de l’architecture des diplômes »[22]. Le gouvernement aura ainsi de nouveaux éléments d’expertise, dont il pourra se saisir pour réformer le travail social et ses formations. Ces annonces gouvernementales sont donc attendues de pied ferme par le mouvement social, qui se tient prêt à réactiver la mobilisation.

Les succès du mouvement sont nombreux : réactivation et organisation de réseaux militants, création de collectifs de lutte et intégration de travailleurs auparavant peu mobilisés, mise en déroute de l’entente entre la CPC et le gouvernement, poids acquis dans les négociations… Fort de ce début de structuration, le mouvement des travailleurs sociaux peut continuer à serrer les rangs et faire bloc contre les menaces concrètes que représentent ces réformes pétries de raisonnements gestionnaires, utilitaristes et néolibéraux.


Partie 2 :

F. Hollande et le travail social. Chronique des mobilisations de travailleuses et travailleurs sociaux, 2012 – 2017

Depuis le début de la présidence de F. Hollande, le secteur du travail social et de l’action médico-sociale a connu plusieurs mobilisations nationales liées à des réformes récentes (gratification des stages), projets de réforme (refonte des diplômes du travail social, atteintes à la Convention collective 66), ou dynamiques institutionnelles (notamment le processus des Etats Généraux du Travail social).

Cette recension vise à présenter chronologiquement les principales dates de la mobilisation, à travers quelques ressources web qui permettent de mieux situer les enjeux de ces mobilisations, ainsi que de suivre l’actualité des mouvements.

Si vous avez connaissance d’une ressource pertinente (vidéo, son, article, discours…) qui serait manquante dans cette liste, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

Dernière mise à jour : 07/10/2020

Quelques sources générales :

2012 :

Un collectif de professionnels lance le Manifeste pour le travail social à destination des candidats à la présidentielle : lien vers la pétition et le Manifeste. Le Manifeste en appelle à des Etats Généraux du Travail Social.

2013 :

Janvier : le gouvernement a semblé attentif aux revendications : son Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale propose de « Refonder le travail social  » : Site du Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes

Juillet : la loi Fioraso du 22 juillet 2013, relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, a pour effet, entre autres, d’étendre, aux administrations publiques et à la quasi-intégralité des structures accueillant des étudiants travailleurs sociaux en stage de plus de deux mois, l’obligation de verser à ces derniers une indemnité mensuelle. Même si cela constitue en soi une avancée, du fait des difficultés budgétaires rencontrées par le secteur, cette obligation de rémunérer les stagiaires met ces derniers face à de grandes difficultés pour trouver des stages, comme l’illustre un article diffusé sur le site de l’Institut Régional de Travail Social (IRTS) de Montrouge/Neuilly-sur-Marne.

Pendant une partie de l’année 2013, des organisations professionnelles avertissent sur les risques que comporte cette réforme Fioraso par rapport aux formations en travail social, comme le présente un point réalisé sur le site de l’Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels (ACEPP). Le mouvement étudiant commence à s’agiter pour lui aussi faire entendre son inquiétude, comme l’observent certains médias (La CroixOuest France) ; ce faisant, il acquiert le soutien de certaines organisations syndicales, comme SUD-Santé Sociaux, la CGT, et l’UNEF. Parallèlement, d’autres organisations professionnelles et syndicales réclament la tenue des Etats Généraux du Travail Social (EGTS) mais demeurent sur leurs gardes et cherchent à faire remonter les revendications des professionnels, autour d’un nouveau Manifeste, comme le relatent La Gazette des Communes, et un communiqué intersyndical de décembre.

« Les étudiants du secteur social manifestent pour défendre leur formation ».
Source : Le Parisien, 2013

2014 :

Premier semestre : Alors que se tiennent les assises régionales qui préparent les EGTS, l’Association Nationale des Assistants de Service Social (ANAS), dénonce, dans un communiqué de février, l’absence de concertation dans l’organisation et les échanges, et leur rythme à « marche forcée ». Le mouvement étudiant, quant à lui, se structure davantage encore : des collectifs voient le jour à Nantes, à Montrouge, ainsi que des collectifs nationaux tels le Collectif Solidarité Travailleurs Sociaux (page Facebook) ou le Mouvement National des Etudiants en Travail Social (page Facebook). Des syndicats étudiants réaffirment leur soutien au mouvement des étudiants en travail social, comme l’UNEF, dans un communiqué d’octobre, ou SUD-Santé Sociaux, dans un communiqué de décembre.

Le début de l’année 2014 est également marqué par le lancement du collectif Avenir’Educs, qui veut réaffirmer un « projet de société  » global pour le travail social, permettant à ce dernier de maintenir une pratique clinique favorisant un lien social émancipateur. Parallèlement, Avenir’Educs et d’autres organisations professionnelles lancent la pétition Travail social : participons à l’avenir de nos métiers (lien vers la pétition).

Juillet : la loi Khirouni du 10 juillet 2014 tendant au développement, à l’encadrement des stages et à l’amélioration du statut des stagiaires permet de s’attaquer à certains problèmes mais est loin de régler la question des attributions budgétaires nécessaires pour les établissements accueillant des stagiaires.

Fin 2014 : Fort de la structuration en réseaux de plusieurs collectifs, organisations professionnelles et syndicales, le rapport de force généré par les travailleurs sociaux s’affermit. De nombreuses rencontres et débats sont organisés partout en France, notamment la journée Debout pour nos métiers à Paris, qui rassemble plusieurs centaines de personnes. Alors que certains, comme l’Organisation Nationale des Educateurs Spécialisés (ONES) ou ATD-Quart Monde, cherchent à alimenter davantage le débat sur le travail social en produisant de nouveaux manifestes, le mouvement des travailleurs sociaux et étudiants aboutit à une grande manifestation, le 12 décembre 2014 (appel interorganisationnel et intersyndical à la manifestation), au mot d’ordre de : « On ne gère pas l’autre, on l’accompagne ».

Malgré la mobilisation, la Commission Professionnelle Consultative du travail social (CPC) valide le projet de refonte des diplômes du travail social proposé par un groupe de travail interne depuis un moment. La CPC est une instance à fonction consultative sur les questions de formations, placée auprès du Ministère des affaires sociales, et formée par dix représentants de syndicats employeurs, dix représentants de syndicats de salariés, dix représentants ministériels, dix représentants d’institutions qualifiées, comme l’indique le site ministériel. La validation du projet de réforme des diplômes par la CPC fait peser un risque réel d’uniformisation des formations, puisque la diversité des diplômes de travail social existant seraient refondus autour d’un tronc commun, et répartis par niveaux de qualification.

2015 :

Janvier : la journée du 22 janvier 2015 connaît à nouveau une large mobilisation des professionnels et de leurs soutiens, et marque l’approfondissement d’une dynamique de convergence des luttes puisque mouvement étudiant et mouvement de professionnels s’organisent ensemble, comme le relaie l’ANAS dans un communiqué. « La mobilisation s’amplifie  » comme l’observe Jacques Trémintin dans Lien Social (n°1164).

Février : les cinq groupes de travail préparatoires des EGTS rendent leurs rapports à Marisol Touraine, Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, et Claudy Lebreton, Président de l’Assemblée des départements de France (rapports accessibles sur le site ministériel). La discussion sur ces rapports est proprement « plombée  » par la colère des professionnels quant aux projets de réforme des formations, comme le titre la Gazette des Communes. S. Neuville est contrainte de reconnaître, dans une réunion publique, que les suggestions de la CPC sont excessives. Certains continuent de dénoncer cette réforme préparée en « huis clos », comme Alternative Libertaire.

Févier toujours, le Comité National de Liaison des Acteurs de la Prévention Spécialisée (CNLAPS) publie un communiqué d’alerte sur la situation inquiétante de la prévention spécialisée : malgré plusieurs appels incantatoires de la part des pouvoirs publics, on constate une mise en cause de l’intervention de la prévention spécialisée dans plusieurs départements, comme le relèvent TSA-Quotidien ou encore Rue89

Mars : Dans un communiqué commun, la CGT et FO dénoncent elles aussi « une mise en cause fondamentale des qualifications et des fonctions des travailleurs sociaux » à travers l’ensemble des rapports préparatoires des EGTS remis le mois précédent.

Dans ce contexte plutôt tendu, en mars, un éducateur est assassiné, à Nantes, dans l’exercice de ses fonctions. Ce drame émeut le secteur, beaucoup se posent des questions sur les dysfonctionnements institutionnels qui en sont à l’origine, comme l’ancien président de l’ANAS, Didier Dubasque, sur son site personnel ; plusieurs syndicats appellent également à manifester à Nantes quelques semaines plus tard, comme le relaie Ouest France. La CGT publie un communiqué de presse tirant le bilan de la mobilisation. Un article de Jacques Trémintin paru dans Lien Social et posté sur son site personnel, présente une chronologie synthétique du mouvement de protestation contre le projet de refonte des diplômes jusqu’en avril.

Avril – Mai – Juin : une multitude de conflits locaux secouent le secteur du travail social ; comme au 115 de Seine-Saint-Denis, puis à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis, puis à l’ASE de Paris, et à l’ASE de Haute-Garonne, comme le relate un article de la revue Convergences Révolutionnaires. On apprend en mai que la mairie de Paris prévoit de fermer le Centre Educatif et de Formation Professionnelle de Pontourny. Les établissements de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris entrent également dans un conflit long et difficile contre le « plan Hirsch ». Le mois de mai est véritablement parsemé de conflits comme le relève la section DASES du SUPAP-FSU dans une chronique. Le site REZO Travail Social lance lui aussi en avril une section sur son forum recensant les mobilisations en cours. En juin, un collectif de travailleurs du secteur de la psychiatrie infanto-juvénile de Seine-Saint-Denis lance un signal d’alarme sur la dégradation des conditions d’accueil du jeune public.

Toujours dans la même période, le mouvement étudiant continue à s’activer autour des mêmes causes qu’il y a au moins deux ans, comme le pointe La Gazette des Communes.

25 juin 2015 : à l’apogée de ces dynamiques qui ont été crescendo depuis 2013, plusieurs organisations professionnelles et syndicales ont lancé des appels à une mobilisation nationale le 25 juin, qui se trouve relayé et détaillé sur le blog du DASES-SUPAP-FSU. La mobilisation a été accompagnée, peu avant, par la diffusion d’une lettre ouverte aux autorités, signée par divers chercheurs, formateurs, militants, professionnels…

Le 25 juin 2015 avait été choisi car ce jour-là, en plus d’une discussion sur la réforme des formations au Ministère des Affaires sociales, se tenait une réunion des deux principaux syndicats employeurs, qui, en annonçant leur fusion, remettaient en cause la Convention collective 66, dont dépend une grande partie des établissements socioéducatifs, comme l’explique Lien Social (en ligne), et comme le dénonce également un communiqué intersyndical du début du mois. La CGT Action Sociale dénonce, dans un tract de 4 pages, une libéralisation des conditions d’emploi et de travail, pour les établissements dépendant de la CCN66, similaire à la politique que mène le MEDEF dans le privé marchand. Par ailleurs, un site recensant les débats relatifs à la CCN66 depuis quelques années se trouve particulièrement actif et mobilisé par l’actualité intense depuis 2014.

Quoiqu’il en soit on peut lire des interviews de manifestants du 25 juin dans le n°3 de la revue Rezo, animée par des membres de SUD-Santé Sociaux 93. Le blog du DASES-SUPAP-FSU a proposé une revue de presse du mouvement qui montre que celui-ci est passé relativement inaperçu par les grands médias. Cependant, la mobilisation de plusieurs milliers de personnes dans toute la France a amené la Secrétaire d’Etat Neuville à recevoir une délégation intersyndicale, qui a fait observer dans un communiqué que le gouvernement se voulait « rassurant » avant tout, et que le ministère restait de toute façon assez sceptique sur les préconisations de la CPC, comme le suggère également TSA Quotidien.

Le gouvernement a également annoncé que les prochains rendez-vous auraient lieu en septembre et surtout en octobre 2015, où devraient enfin se tenir les EGTS, et où seraient rendues les conclusions des travaux de la députée socialiste du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon sur les « évolutions possibles de l’architecture des diplômes » (site ministériel). Ces annonces ainsi que les vacances estivales semblent avoir fait légèrement retomber la mobilisation.

On peut imaginer qu’à la rentrée, la lutte reprendra donc de plus belle, comme le suggère Avenir’Educ dans un beau texte du début du mois de juillet ; une vigilance sera à avoir quant à l’avancée des EGTS, aux projets relatifs à la Convention collective 66, aux formations de travailleurs sociaux. Mais il sera également à produire un effort supplémentaire dans la convergence des luttes locales vers un front global des travailleurs sociaux et médico-sociaux. Il n’y a d’ailleurs pas de vacances pour la lutte sociale puisque, comme le relaie également le collectif Avenir’Educ sur son blog, la mairie de Paris a décidé de fermer la bibliothèque de Chaligny, la dernière grande bibliothèque parisienne destinée au travail social – il est, au passage, question de détruire toute une partie des livres, dont la municipalité ne sait pas quoi faire. Encore un symbole fort adressé aux travailleurs sociaux de la part du pouvoir…

Septembre : Le 2 septembre, la députée du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon rend au Premier ministre son rapport intitulé « Reconnaître et valoriser le travail social« . Comme le rapporte un article de TSA Quotidien Manuel Valls, ainsi que Marisol Touraine,  ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Ségolène Neuville, Secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, et Brigitte Bourguignon, auteure du rapport, s’expriment alors à propos de l’avenir du travail social et du processus des EGTS. On peut télécharger le rapport ainsi que les discours à l’adresse suivante. A cette occasion, Manuel Valls demande à Marisol Touraine et à Ségolène Neuville d’élaborer un plan d’action pour le travail social à partir des propositions contenues dans le rapport, ce qui passe par la mise en place d’ateliers de réflexion qui se tiennent en septembre et octobre, comme le relate Didier Dubasque sur son blog.

Concernant le rapport Bourguignon, certains observateurs s’estiment rassurés par la teneur du texte, qui fait mine d’écarter le projet de réforme générale des formations, d’accéder à certaines revendications des professionnels, et de poser des questions intéressantes (sur la définition du travail social, sur le projet politique, sur la formation et l’accueil de stagiaires…). L’ANAS souligne dans un communiqué le « soulagement » et les « attentes » que génère ce rapport. Sur son blog, la section DASES du SUPAP-FSU propose, quant elle, un résumé au regard aiguisé du rapport, soulignant les apports et les ambivalences du travail de la députée, et les nombreuses questions qui restent en suspens.

La mobilisation continue tant que les décisions gouvernementales n’auront pas été arrêtées, et que n’auront pas été levées les inquiétudes encore générées par le rapport Bourguignon et les discours officiels de septembre. Avenir’Educs, toujours sur la brèche, a dores et déjà annoncé le lancement d’Etats Généraux Alternatifs du Travail Social, avec le soutien de plusieurs syndicats du secteur. La journée du 16 octobre 2015 devrait donc constituer un autre temps fort de la mobilisation, comme le suggère le pré-programme publié sur le site du collectif.

2016 : Des travailleur·euses sociaux dans Nuit Debout et au-delà

Lorsque le projet de loi dit « El Khomri » est révélé au début de l’année 2016, beaucoup d’observateurs s’aperçoivent que celui-ci risque de constituer une régression considérable des droits des salariés, et une aggravation de leur vulnérabilité, dans un contexte de précarisation de leurs conditions socio-économiques. Des acteurs syndicaux, militants, politiques, ont rapidement ouvert le débat public et organisé des mobilisations, contre ce projet de loi qui, jusqu’en février, était soutenu tel quel par Les Républicains ainsi que le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF).

C’est ainsi que, le 31 mars au soir, suite à l’une des plus importantes manifestations contre la « loi travail », des acteurs du mouvement social lancent les « Nuits Debout ». Des citoyens de divers horizons décident de rester en soirée sur la place de la République, à Paris, pour réfléchir et s’organiser, contre la « loi travail » d’abord, puis contre tout « son monde » politique et économique. Les Nuits Debout se veulent avant tout un réseau, au fonctionnement horizontal et démocratique (il n’y a pas de chef et tout le monde a le droit à la parole), et aux revendications qu’on peut dire « progressistes » pour faire large. Chacun peut ainsi participer aux Nuits Debout selon son souhait, et le mouvement repose avant tout sur la bonne volonté et l’engagement des personnes.

Des « commissions » thématiques se lancent pour organiser des réflexions collectives ou des actions, contre la « loi travail » et son monde, en parallèle des traditionnelles manifestations nationales. C’est dans ces dynamiques que la Commission Action Travail Social (Commission ATS) a vu le jour, à la fin du mois d’avril 2016. Elle est donc profondément ancrée dans un mouvement contestataire et autogéré, formé sur l’opposition à la loi « El Khomri » et à ce qu’elle représente.

Consulter mon texte sur les principes et le fonctionnement de la Commission Action Travail Social de Nuit Debout Paris

Le 21 juin 2016 : les professionnels du social, du médico-social, de la santé et la psychiatrie ont défilé côte à côte, tous en lutte contre divers projets de réformes portés par le Ministère des affaires sociales et de la santé. Une intersyndicale et des collectifs de professionnel·les appellent à poursuivre la mobilisation. Un texte écrit en août 2016 pointe les processus d’industrialisation qui rongent ces différents « métiers de l’humain« .

2017 :

La Commission Action Travail Social poursuit son activisme en cherchant la convergence avec les mobilisations d’autres secteurs professionnels, mais doit, comme beaucoup d’autres Commissions de Nuit Debout, se restructurer après la retombée des mobilisations contre la « loi travail » et surtout, après le réaménagement de la Place de la République par la Mairie de Paris, avec du mobilier urbain en lieu et place de l’espace sur lequel se déroulaient les Assemblées Générales démocratiques de Nuit Debout…

Une Assemblée Générale du Travail Social est organisée à Paris le 19 octobre 2017, qui montre que la Commission Action Travail Social a su se pérenniser comme une alternative aux structures syndicales, tout en faisant du lien avec les collectifs de lutte locaux. Recentrant son action elle aussi au niveau régional, tout en faisant le deuil de l’esprit Nuit Debout, la Commission change de nom et devient Commission de Mobilisation du Travail Social Île-de-France. Elle est toujours active sous cette forme, comme on put s’en apercevoir sur Facebook. Les mois et les années qui suivent voient fleurir une multitude de collectifs locaux, de Lille au Gard et de l’Ille-et-Vilaine à Grenoble : nul n’osera clamer que le quinquennat de F. Hollande aura été, pour les travailleur·euses sociaux, une période d’apaisement !

Notes de bas de page :

.[1] Pour une chronologie détaillée des évènements et une recension des diverses ressources web, voir la chronique l’annexe présentée ci-dessus

[2] Dauphin, Sandrine, 2009, « Le travail social : de quoi parle-t-on ? » in Informations Sociales, n°152, p. 8-10. Accessible en ligne : https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2009-2-page-8.htm

[3] Ion, Jacques, Ravon, Bertrand, 2005, Les travailleurs sociaux, Paris, La Découverte

[4] Pascal, Henri, 2014, Histoire du travail social en France, Rennes, Presses de l’EHESP, p. 233 – 281. Jonathan Louli, « Critique des baillônements », dans Les Cahiers de la PRAF, n°3, janvier 2014, p. 19 – 22

[5] Le Manifeste de 2012 : http://www.petitions24.net/manifeste_travail_social Un article incluant le Manifeste de 2013 : http://www.lagazettedescommunes.com/199412/les-etats-generaux-du-travail-social-se-preparent-dans-la-contestation/

[6] Instance à fonction consultative sur les questions de formations, placée auprès du Ministère des affaires sociales, et formée par dix représentants de syndicats employeurs, dix représentants de syndicats de salariés, dix représentants ministériels, dix représentants d’institutions qualifiées : http://www.social-sante.gouv.fr/espaces,770/affaires-sociales,793/dossiers,794/travail-social,1962/le-dossier-complet,1973/la-commission-professionnelle,12611.html

[7] Entretien avec Gabrielle Garrigues, une des fondatrices du collectif Avenir’Educ, dans Lien Social n°1164 (28/05/15), p. 30.

[8] Plus précisément, pour leur absence de concertation. Voir le communiqué de l’Association Nationale des Assistants de Service Social (ANAS) : http://www.anas.fr/Etats-Generaux-du-Travail-Social-l-ANAS-denonce-des-travaux-a-marche-forcee-et-l-absence-d-une-reelle-concertation_a893.html

[9] http://avenireducs.canalblog.com/pages/le-collectif-avenir-educs/29640698.html

[10] http://www.petitions24.net/travail_social__participons_a_l_avenir_de_nos_metiers

[11] Celui de l’Organisation Nationale des Educateurs Spécialisés : http://www.ones-fr.org/?p=3259 ; celui d’ATD-Quart Monde : https://www.atd-quartmonde.fr/wp-content/uploads/2015/02/2014-12-18_ManifesteATD-EGTS.pdf

[12] http://www.snuclias-fsu.fr/IMG/pdf/appel-unitaire-on_ne_gere_pas_lautre.pdf

[13] Trémintin, Jacques, 2015, « Chronologie d’une refonte annoncée », in Lien Social, n°1164, du 28/05 au 10/06, p. 26. Disponible à l’adresse suivante :  http://tremintin.com/joomla/index.php?option=com_content&task=view&id=3527&Itemid=269

[14] Les rapports et leurs synthèses figurent sur le site du Ministère des Affaires sociales : http://www.social-sante.gouv.fr/actualite-presse,42/communiques,2322/etats-generaux-du-travail-social,17677.html

[15] Comme le titre la Gazette des communes : http://www.lagazettedescommunes.com/328653/des-etats-generaux-du-travail-social-plombes-par-la-reforme-des-diplomes/

[16] Voir le dossier très complet de l’ANAS sur ce projet de réforme, avec une petite remise en perspective historique : http://www.anas.fr/Projet-de-Refonte-des-diplomes-l-ANAS-publie-un-avis-technique-complet-sur-la-question_a933.html

[17] Comme l’observe le point rédigé par la section DASES du SUPAP-FSU : http://dases-supap-fsu.over-blog.com/2015/05/en-bref-mobilisations-de-travailleurs-sociaux-en-mai.html

[18] Le Bris, Maryannick, 2015, « Mort d’un éducateur à Nantes : après le choc, beaucoup de questions », in Actualités Sociales Hebdomadaires (ASH), n°2903, 29 mars, p. 15-16. Voir également la prise de position de Didier Dubasque, ancien président de l’ANAS, sur son blog : http://dubasque.org/2015/03/25/ce-que-nous-apprend-la-disparition-de-jacques-gasztowtt-educateur-enterre-aujourdhui/

[19] http://www.lagazettedescommunes.com/370886/travail-social-les-etudiants-courent-desesperement-apres-les-stages/

[20] http://dases-supap-fsu.over-blog.com/2015/06/ensemble-contre-la-casse-du-travail-social-greve-et-manifestation-nationale-ce-jeudi-25-juin-2015.html

[21] http://data.over-blog-kiwi.com/1/45/07/69/20150630/ob_a431a1_suite-au-25-juin.pdf

[22] http://www.social-sante.gouv.fr/actualite-presse,42/communiques,2322/etats-generaux-du-travail-social,17677.html

[23] DASES = Direction de l’Action Sociale de l’Enfance et de la Santé du Département de Paris ; SUPAP = Syndicat Unitaire des Personnels des Administrations Parisiennes ; FSU = Fédération Syndicale Unitaire (voir le site du SUPAP-FSU) ]

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