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Quand la prévention spécialisée perd la moitié de ses budgets…

Sociologie et Anthropologie Travail social

25 Juin 2021

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Couverture choisie par la rédaction site de la revue Mouvements pour l'article

Article :

Jonathan Louli, 2018, « Quand la prévention spécialisée perd la moitié de son budget… Étude de cas dans une banlieue ouvrière », in Mouvements, en ligne

Article intégral accessible sur le site Mouvements

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Résumé :

La recherche présentée ici s’est déroulée au printemps 2017 en région, dans un territoire où la prévention spécialisée a vu ses budgets diminuer de moitié quelques années auparavant. J’ai rencontré des professionnels, des acteurs locaux et des habitants, avec lesquels j’ai réalisé des entretiens semi-directifs sur les conséquences selon eux de cette réduction budgétaire pour leurs quartiers. En évoquant ces conséquences, les interlocuteurs m’ont parlé de leur ville et de son histoire, dont fait partie intégrante l’association de prévention spécialisée. L’attaque faite à ce travail social est un analyseur d’un sentiment d’abandon, dominant les discours de ces habitants d’une petite commune de banlieue, dont cet article se présente comme une étude de cas. Après avoir présenté la commune où j’ai mené ma recherche ainsi que l’association qui y intervient, j’analyse l’évolution du travail de prévention spécialisée sur cette commune, tel que décrite par mes interlocuteurs.

La prévention spécialisée est une forme de travail social qui s’est constituée après la Seconde Guerre mondiale comme une alternative aux prises en charge institutionnelles d’adolescent.e.s et de jeunes présentant des risques ou des problématiques de marginalisation sociale[1]. Elle consiste en l’implantation de petites équipes d’éducateur.rices de rue sur des territoires – généralement urbains – où des indicateurs socioéconomiques témoignent de diverses difficultés minant la jeunesse : échec scolaire, petite délinquance, chômage, éloignement des institutions, errance, pauvreté… Rattachée à la politique de l’Aide Sociale à l’Enfance des départements, la prévention spécialisée est notamment soumise à différents principes légaux tels que le secret professionnel. Cela implique que les éducateur.rices interviennent sur des quartiers ou territoires géographiques délimités, considérés comme les « milieux naturels de vie »[2] de populations susceptibles de les solliciter. En suivant un principe de libre adhésion des publics, donc sans s’imposer, ces travailleur.ses sociaux.ales doivent aller à la rencontre des populations, à travers le travail de rue notamment, et s’adapter aux rythmes, aux demandes des habitant.e.s, aux dynamiques locales. Cette démarche fonde l’originalité de la prévention spécialisée.

Depuis le début des années 2010 cependant, une multitude de villes et départements mettent en question la pérennité du secteur de la prévention spécialisée en en diminuant drastiquement les financements. Ce mouvement s’est d’abord rendu visible à Troyes puis dans l’Essonne, la Seine-Maritime, le Loiret, le Maine-et-Loire, la Drôme, Lille… et se poursuit actuellement [3]. Par ailleurs, de nombreux acteurs institutionnels ou politiques cherchent à réorienter l’action de la prévention spécialisée vers une pratique qui relèverait davantage de la médiation, de la lutte contre les incivilités, de la prévention de la délinquance. Ces injonctions politiques tendent à éliminer les dimensions socioéducatives et cliniques qui ont toujours constitué la prévention spécialisée comme une composante du travail social, de l’éducation spécialisée et de la protection de l’enfance[4].

Menant des recherches sociologiques et anthropologiques sur le travail social et la prévention spécialisée depuis quelques années, d’abord dans un cadre universitaire puis de manière indépendante, j’ai rencontré des collectifs militants et syndicaux de travailleur.se.s sociaux.ales avec lesquel.le.s je partageais une inquiétude sur l’avenir du secteur de la prévention spécialisée et, plus précisément, sur le devenir des territoires où ce travail social était remis en cause par la puissance publique.

Au printemps 2017, je suis donc allé enquêter en région, sur un territoire où la prévention spécialisée avait vu ses budgets divisés par deux dans la première moitié des années 2010. Par le biais des réseaux militants, j’ai été présenté à différent.e.s actrices et acteurs locaux, professionnel.le.s et habitant.e.s, avec lesquel.le.s j’ai réalisé des entretiens semi-directifs sur les conséquences, à leurs yeux, de la diminution des budgets de la prévention spécialisée dans leurs quartiers. En évoquant ces conséquences, mes interlocuteur.rice.s m’ont parlé de leur ville et de son histoire, dont fait partie intégrante l’association de prévention spécialisée. L’attaque faite à ce travail social est un analyseur d’un sentiment d’abandon, très sensible dans les discours des habitant.e.s de cette petite commune de banlieue. Cet article présente une étude de cas des conséquences des réductions budgétaires de la prévention spécialisée, aux yeux des acteurs locaux.

Après avoir présenté la commune où j’ai mené ma recherche ainsi que l’association qui y intervient, j’analyse l’évolution du travail de prévention spécialisée sur cette commune, telle qu’observée par mes interlocuteur.rice.s. Ce qui ressort avant tout, c’est que les espaces physiques et « l’ordre urbain »[5] sont moins sujets de discussion lors des entretiens que l’espace symbolique où se déploient les liens socioéducatifs prenant appui sur eux, c’est-à-dire « l’ordre des choses » et le sens du travail de prévention spécialisée. Ces dimensions  contiennent en elles-mêmes une ouverture vers un autre espace qui est toujours très proche : l’espace politique.

La suite de l’article accessible intégralement et gratuitement sur le site de la revue Mouvements

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